Le vin nature (ou vin naturel) est un vin issu de vignes cultivées sans aucun produits chimiques de synthèse, vendanges à la main et sans aucun intrants oenologiques ajoutés, ni sucre, ni levures… Le vin nature, c’est toute une philosophie, un concept. Celui d’envisager un vin où l’on laisserait le raisin et sa vinification s’exprimer le plus librement possible. Jules Chauvet disait de la vigne « Moins on la touche, mieux elle se porte ». C’est aussi une tendance qui s’installe puisque le marché des vins natures augmente de 20 à 30 % par an.
Mais cette idée de vin naturel, fait pourtant bien débat. En premier lieu à cause du terme même de « vin naturel », mais aussi à cause de l’optique de n’ajouter aucun additifs. Ce n’est que récemment qu’un nouveau label « Vin Méthode Nature » a vu le jour pour définir cette méthode. Le vin naturel se distingue ainsi des vins conventionnels, des vins biologiques et des vins biodynamiques. Quelles sont ces différences ? Et pourquoi malgré l’appétence de plus en plus forte des consommateurs, le vin naturel fait-il débat ?
Qu’est-ce que le vin nature ?
Un vin nature est un vin mené en agriculture bio, parfois en biodynamie, mais de façon encore plus stricte. On cultive les vignes sans aucun produits chimiques de synthèse et les vendanges sont manuelles. De plus, on y ajoute aucun intrants oenologiques lors de sa vinification, aucun sulfites, aucune levure… Une nuance est cependant à apporter ici: un unique et récent label officiel sur ce que définit un vin nature permet une souplesse qui autorise jusqu’à 30 – 40 mg/l de dioxyde de soufre au total, et ce, ajouté à la toute fin pour stabiliser le vin.
Le nouveau label « Vin Méthode Nature » (2020)
En effet, depuis 2020, une charte « Vin Méthode Nature » pose les grandes lignes de ce que doit être un vin nature: 100% des raisins certifiés bio, vendanges manuelles, vinification uniquement avec des levures indigènes, aucun intrant oenologique ajouté, aucun sulfite ajouté sauf un ajustement autorisé de 30 mg/l de S02 au total pour le vin rouge, le vin blanc et le vin rosé.
Mais il ne fait pas pour autant l’unanimité auprès de certains vignerons plus radicaux qui estiment qu’on ne doit ajouter véritablement aucun sulfites !
Quelles sont les différences entre le vin naturel, le vin conventionnel, le vin biologique et le vin en biodynamie ?
Pour mieux comprendre la place du vin naturel, et son essor, dans le contexte des vins d’aujourd’hui; il est indispensable de savoir comment les distinguer. Ainsi, le vin nature côtoye sur le marché le vin conventionnel, le vin biologique et le vin en biodynamie. L’ajout de sulfites dans le vin étant un véritable sujet de discussion, on vous précise à chaque fois ce qu’il en est selon de le type de vin.
Le vin conventionnel
Lors de la fabrication d’un vin conventionnel, on peut utiliser des produits chimiques de synthèse sur les vignes (herbicides, insecticides…) et ajouter des intrants oenologiques (une centaine comme l’acide citrique, la gélatine, les tanins,…) à la vinification du vin pour le corriger, le « diriger ». Un vin rouge peut contenir jusqu’à 150 mg/l de sulfites et un vin blanc jusqu’à 200 mg/l de S02.
Le vin biologique
Un vin biologique est un vin issu d’une agriculture biologique répondant au cahier des charges des labels AB et Bio Europe. On autorise l’ajout d’intrants (une quarantaine), ainsi que les sulfites. 100 mg/l pour un vin rouge bio et 150 mg/l pour un vin blanc bio ou un vin rosé bio. A noter qu’un vin bio n’est pas forcément un vin nature, mais qu’un vin nature est à la base bio.
Le vin biodynamique
Le vin biodynamique est un vin qui suit les mêmes principes que ceux de l’agriculture biologique mais de façon encore plus stricte. En effet, on autorise lors de la vinification encore moins d’intrants et de sulfites. De plus, la biodynamie repose sur un calendrier spécifique dicté par l’attraction des planètes et de la lune. Une théorie (Rudolf Steiner) qui part du postulat que le sol, la vigne, sont des matières vivantes influencées par la position des astres et qu’ainsi, certains jours seront plus propices que d’autres pour mener des actions comme planter, vendanger, etc… Les labels comme Demeter ou Biodyvin certifient cette pratique. En ce qui concerne les sulfites autorisés, le vin rouge biodynamique peut contenir jusqu’à 60 mg/l de S02 et jusqu’à 90 mg/l pour le vin rosé et le vin blanc.
Pourquoi le vin naturel est-il un sujet qui fait débat auprès des amateurs de vins ?
Le vin nature est sujet à quelques critiques et appréhensions de la part de fervents adeptes d’autres méthodes de fabrication viticole. Parmi ces différentes réserves, nous pouvons retenir les sujets de débat suivants:
S’il est transformé par l’homme, pourquoi dire « vin naturel » ?
En effet, cette dénomination fait débat. La Direction Générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) estime que le vin ne peut être appelé vin nature ou vin naturel puisqu’il y a intervention de l’homme. C’est un produit transformé ! Ainsi, il est interdit d’afficher sur les étiquettes le terme « vin nature ». L’absence de label légal officiel laisse la place à chacun d’établir sa propre définition d’un vin naturel même si certains grands principes ont mis d’accord des associations comme VINS SAINS (Sans Aucun Intrants Ni Sulfites) ou encore l’AVN (Associations des Vins Naturels). Néanmoins, le Syndicat de défense des Vins Naturels a déposé une charte « Vin Méthode Nature » (et un label) auprès de la DGCCRF, validée en 2020 !
Comment conserver un vin nature ? Est-ce un vin de garde ?
Le vin nature a la réputation d’un vin de soif, d’un vin glouglou mais surtout d’un vin fragile à conserver du fait de sa faible teneur, voire de l’absence totale, d’additifs permettant de stabiliser le vin. Certains diront que c’est un vin instable et difficile à transporter. D’autres répondront que c’est un vin qu’il faut traiter comme un produit frais. Ainsi, vous pouvez conserver un vin naturel mais en étant davantage vigilant ! Vigilant sur ses conditions de vieillissement dont la température de conservation (pas plus de 15 degrés) et ses variations. Enfin, le vin nature peut être un vin de garde: Si sa structure le permet, comme son taux d’acidité et son taux de tanins.
Si vous souhaitez en savoir plus sur comment bien conserver son vin, nous vous invitons à consulter notre article ici !
Pourquoi le vin pétille-t-il ?
En effet, certains vins naturels peuvent être pétillants à leur ouverture. D’où le surnom de vin « pèt’-nat’ » (pétillant naturel). On parle aussi de façon moins péjorative de « vin perlant ». Cela n’est en rien un défaut, comme sa robe parfois trouble. La faible teneur, voire l’absence totale de soufre dans le vin, en est la cause. Il peut être utile de le carafer pour l’oxygéner avant de le déguster.
Le vin nature, est-il plus cher ?
Il arrive en effet que vous puissiez payer une bouteille de vin nature un peu plus cher qu’un vin conventionnel. Des éléments comme la rareté, la technicité du vigneron, la réputation jouent sur la côte d’un vin, quelqu’il soit. Mais de façon concrète, le surcoût est souvent que les vignerons en vin nature ont des rendements plus faibles car les surfaces agricoles sont souvent plus petites, les vignes cultivées en bio demandent plus d’investissements humains, etc.
Pourquoi a-t-il une mauvaise odeur ?
Certains vins natures sans sulfite peuvent avoir en effet une odeur désagréable à leur ouverture. En tous cas, une odeur de ferme, de foin. C’est un phénomène qu’on appelle « la réduction ». C’est à cause des levures du vin qui meurent et tombent au fond de la bouteille (autolyse). Mais une fois votre bouteille ouverte, avec un peu d’aération, l’odeur disparaît !
Pourquoi boire du vin nature finalement ?
Le vin nature est un vin qui se veut l’expression la plus pure du terroir dont il est issu. Si aux balbutiements de cette méthode, des ratés ont eu lieu, donnant des « vinaigres » comme disent ses détracteurs; aujourd’hui on maitrise beaucoup mieux la méthode ! Le goût du terroir, l’authenticité des arômes du vin portés par le raisin uniquement (sans artifices)… c’est ce qui plaît et convainc les amateurs de vins naturels. Consommer du vin naturel, mais aussi en proposer à la vente (caviste, restaurateur..) témoigne d’une véritable prise de conscience pour une consommation plus éthique, plus éco-responsable, valorisant plus que jamais la richesse des terroirs.
Sans pour autant être radical, c’est synonyme d’ouverture à la réflexion ! Une réflexion sur la vinification du vin et l’utilisation peut-être trop massive de soufre, d’additifs, etc… Une volonté pour plus de transparence. De plus, pour certains, le soufre est à l’origine de diverses allergies et d’inconforts corporels: maux de tête, éruptions cutanées… C’est ainsi leur proposer une alternative plus digeste. Enfin, les vins naturels fruités, légers et peu alcoolisés s’alignent sur les envies « plaisir » du moment des amateurs de vin, d’où une part grandissante du marché.